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Nov

Le projet

   Ecrit par : Stéphane   

Nombreux sont ceux qui en 2020 célèbreront le centenaire de la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc. Mais 2020 marquera aussi un double centenaire. « Celui de la fête nationale de Jeanne d’Arc et du patriotisme le 12 mai puis celui de la canonisation le 16 mai » (La République du Centre du 22 mai 2019).

A Orléans, les fêtes johanniques seront à l’honneur pendant près de trois semaines. Sont envisagés célébrations religieuses ; pèlerinage dans les églises où Jeanne d’Arc est passée (organisé par l’équipe de la Pastorale des Réalités du Tourisme et des Loisirs d’Orléans) mais sont aussi pensés animations et spectacles. « Nous aimerions des animations tous les jours » annonce Jean-Pierre Gabelle, conseiller délégué aux fêtes de Jeanne d’Arc.

« Nous voulons proposer une cérémonie plus longue et étoffée sous le signe de la musique. Nous la voulons plus artistique » dévoile Bénédicte Baranger, présidente de l’association Orléans – Jeanne d’Arc.

« Différentes fresques liées à la vie de l’héroïne pourraient apparaitre sur le mur de Street art rue des Carmes, sans oublier des représentations théâtrales ou des concerts répartis sur plusieurs mois » (La République du Centre du 22 mai 2019).

C’est dans cette perspective que nous avons souhaité, nous aussi, nous inscrire dans ce processus de célébration en proposant une œuvre artistique : une série de photographies en lien avec des thèmes retenus par Madame Pascale de Barochez, déléguée diocésaine à la Pastorale du Tourisme d’Orléans et Madame Anne Alet, responsable de PARVIS à la cathédrale Sainte-Croix d’Orléans. Nous avons souhaité mettre en scène la véridicité de certaines anecdotes mentionnées dans les manuscrits et notes du procès de Jeanne d’Arc.

Pour ce faire, une reconstitution de l’étendard de Jeanne sera réalisée par l’Atelier des Elfes et les tenues fidèles à la description qui en était faite. Le Centre Jeanne d’Arc nous prête son précieux concours avec le prêt de tenues confectionnées, selon les témoignages et récits de l’époque, par l’association Orliens 1429. Des accessoires fournis par La Brémaille agrémenteront les vêtements de Jeanne. La société Abeille Drapeau nous prête une hampe pour hisser l’étendard de Jeanne. Et la société La cour des mirages nous fournit quelques accessoires de décoration.

Nous réaliserons l’ensemble des prises de vue à l’Abbaye de Fleury à Saint Benoit sur Loire et au Château de Sully sur Loire. Deux lieux évidemment symboliques puisque Jeanne s’y est rendue avec le Dauphin Charles VII et qu’elle s’est recueillie et a prié devant les reliques de Saint-Benoit avant de partir sur Reims pour le couronnement du roi.

Le 16 mai 1920 on célébra partout en France la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc : « Les façades de toutes les églises étaient revêtues de faisceaux de drapeaux aux couleurs nationales et d’oriflammes de Jeanne d’Arc. La petite fleur de Jeanne d’Arc était vendue aux portes de toutes les églises » – (Le Petit Journal, numéro du 17 mai 1920)

Nous procéderons donc à la plantation de plusieurs centaines de crocus ’’le crocus Jeanne d’Arc‘’ offerts par la société Les Jardins d’Hautière et l’entreprise anglaise Peter Nyssen, pour la réalisation de certaines scènes dont nous donnerons une valeur plus symbolique. La mairie de Saint-Benoit-sur-Loire nous apporte son précieux concours avec un terrain où seront plantés les crocus.

A partir des clichés photographiques pris, plusieurs expositions gratuites seront organisées tout au long de l’année 2020.

Le contexte

En 1431, Jeanne est condamnée par un tribunal ecclésiastique à périr par les flammes. Elle sera exécutée le 30 mai 1431 avant sa vingtième année. Dès 1452, Rome est saisie par le cardinal d’Estouville d’une demande en révision du procès de Rouen. En 1454, la révision est ordonnée par le pape Calixte III, et le 7 juillet 1456, la réhabilitation est prononcée.

Jeanne d’Arc n’a pas toujours été considérée comme une sainte. Elle n’a été canonisée qu’en 1920, soit cinq cents ans après sa mort. Pendant plus de quatre siècles, Jeanne fut « seulement » une héroïne de la Nation. C’est au XIXe siècle que l’Église catholique a révisé son jugement, influencée par de nouveaux travaux d’historiens comme Jules Quicherat, qui publia intégralement les procès de Jeanne d’Arc.

Dans ce processus d’appropriation, on découvre le rôle moteur d’historiens chrétiens et de religieux. Ainsi, pour répondre aux écrits républicains faisant d’elle une héroïne laïque, l’abbé Barthélémy de Beauregard sera le premier auteur catholique à publier, en 1847, une biographie de Jeanne d’Arc, et l’historien Henri Wallon remporte un grand succès auprès des milieux catholiques avec son Histoire de Jeanne d’Arc en 1860. C’est Mgr Félix Dupanloup, évêque d’Orléans, qui dépose en 1869 une demande officielle de canonisation et lance la constitution du dossier préparatoire de la cause. La guerre survient retardant le processus.

En 1886, Monseigneur Couillié, évêque d’Orléans, fait porter à Rome le dossier complet de la cause. Le procès commence. Le pape Léon XIII est favorable. Le 6 janvier 1904 le décret d’héroïcité des vertus fut rendu public et le pape Pie X proclamera la Pucelle Vénérable. Le 12 janvier 1909 les miracles furent reconnus et en avril 1909, le pape présidera les cérémonies de la béatification. Son geste est inspiré par le désir de raccommoder l’Eglise de France avec les dirigeants anticléricaux de la IIIème République. Il est bien perçu par ces derniers et en mai 1912, le président de la République Raymond Poincaré érige la fête de Jeanne d’Arc en fête nationale.  Le 16 mai 1920, à Rome, le pape Benoît XV prononce la sentence de la canonisation :

« En l’honneur de la Sainte indivisible Trinité, pour l’exaltation de la foi catholique et pour l’accroissement de la religion chrétienne, par l’autorité de N-S. Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et la Nôtre, après une mûre délibération et ayant imploré souvent le secours divin, de l’avis de nos vénérables frères les cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, des patriarches, des archevêques et des évêques présents à Rome, nous décrétons sainte et inscrivons parmi les saints la bienheureuse Jeanne d’Arc, statuant que sa mémoire devra être célébrée tous les ans par une pieuse dévotion ».

La canonisation traduit le désir de la papauté d’établir une passerelle avec la France républicaine et laïque.

Elle honore une personnalité exceptionnelle, qui manifesta une force d’âme sans pareille dans un contexte très rude. La canonisation honore la personnalité de Jeanne d’Arc, cette fille du peuple qui a sauvé son pays et qui témoigne des miracles que peut accomplir une personne animée par la foi. Son exemple garde valeur universelle.

Les thèmes

C’est au sein de l’Abbaye de Fleury de Saint Benoit sur Loire et du château de Sully sur Loire que nous réaliserons la plupart des photographies des trois thèmes retenus :

• Ecouter l’appel divin
• Agir pour la paix
• Fidèle jusqu’au bout

Dans le premier thème Ecouter l’appel divin, nous aborderons les voix entendues par Jeanne d’Arc et les apparitions de Saint Michel, Sainte Marguerite et Sainte Catherine. Phénomènes qui commencèrent pendant sa jeunesse, la menèrent jusqu’au Dauphin, la guidèrent pendant ses batailles jusqu’au couronnement du roi de France.

Le second thème Agir pour la paix mettra en scène certaines actions de la Pucelle à vouloir œuvrer pour le salut des Anglais. Par des courriers écrits qui leur étaient adressés pour qu’ils ne livrent pas bataille et rentrent chez eux en Angleterre. Par la reproduction de la mise en scène d’un vitrail de l’église de Patay (Loiret) dans lequel, Jeanne agenouillée auprès d’un soldat anglais blessé, d’une main lui soutient la nuque, de l’autre le bénit.

Enfin, le troisième thème Fidèle jusqu’au bout, portera sur les voix et les apparitions qui accompagnèrent Jeanne dans sa prison du château de Rouen.

Ecouter l’appel divin

La première fois que la Providence se manifesta à elle d’une façon sensible, ce fut en été, vers l’heure de midi, dans le jardin de son père. Elle entendit du côté de l’église une voix, et cette voix était accompagnée d’une grande lumière. « Jeanne, sois bonne et pieuse, va souvent à l’église », tel fut le sens des paroles qui lui furent adressées. Elle eut grand peur à cette fois. Mais l’apparition revint, la voix se fit de nouveau entendre et, après avoir assez longtemps douté du vrai caractère de ces célestes messages, Jeanne enfin reconnut que son inspirateur était réellement un être céleste, le chef des milices divines, l’Archange Saint-Michel. Elle ne cessa plus depuis lors de le revoir de temps à autre. Il se montrait à ses yeux environné d’une multitude d’anges. « On l’aperçut souvent qui priait toute seule, agenouillée dans l’église ».

A défaut de confidents humains, elle conserva désormais, et eut un continuel entretien avec deux grandes Saintes, Catherine et Marguerite, que l’envoyé de Dieu lui avait annoncées, et qu’il lui donna pour institutrices.

« Ensuite elle a déclaré que, sur l’âge de treize ans, elle eut une voix de Dieu pour l’aider à se gouverner. Et la première fois elle eut grand peur. Et vint cette voix quasi à l’heure de midi environ, en temps d’été dans le jardin de son père : et ladite Jeanne n’avait pas jeûné la veille. Elle entendit la voix, du côté droit, vers l’église ; et rarement elle l’ouï sans clarté. Cette clarté est du même côté où la voix est ouïe ; et il y a là, communément, grande clarté » (2ème interrogatoire 22 février 1431)

« Parfois, jouant avec ses compagnes, elle s’écartait soudain, et s’adressait à Dieu au milieu des champs. Proche de l’arbre des Dames (un chêne ?) ; Interrogée si Saintes Catherine et Marguerite lui parlèrent sous l’arbre, répondit : ’’je ne sais’’. Interrogée si, à la fontaine qui est près de l’arbre, les Saintes parlèrent avec elle, répondit que oui, et que là elle les ouï bien mais ce qu’elles lui dirent alors, elle ne le sait plus »(5ème interrogatoire 1er mars 1431); « Et ces dites Saintes Catherine et Marguerite parfois lui parlèrent à certaine fontaine, près d’un grand arbre » (réunion 05 avril 1431)

« Interrogée si elle faisait sa révérence à Saint Michel et aux anges quand elle les voyait, répondit que oui ; et baisait la terre après leur départ, là où ils avaient reposé » (2ème interrogatoire 12 mars 1431)

« Interrogée en quel lieu l’ange lui apparut, répondit : ’’j’étais presque toujours en prière, afin que Dieu envoyât le signe du roi’’ » (3ème interrogatoire 13 mars 1431) « Interrogée si, quand ces Saintes lui viennent, il y lumière avec elles, répondit : ’’elles ne viennent pas sans lumière’’ » (4ème interrogatoire 14 mars 1431) ;

« Interrogée, quand elle vit la voix qui venait à elle, s’il y avait de la lumière, répondit qu’il y avait beaucoup de lumière de toute part comme il est bien convenable. Dit en outre à l’interrogateur que toute la lumière ne venait pas jusqu’à elle ! » (4ème interrogatoire 27 février 1431) ;

« Interrogée s’il y avait de la lumière, répondit : ’’Et rarement ai-je eu révélation qu’il n’y ait lumière’’ » (4ème interrogatoire 27 février 1431)

« Interrogée si, quand elle met des chandelles devant l’image de Saint Catherine, elle met ces chandelles en l’honneur de celle qui lui apparait, répondit : ’’je le fais en l’honneur de Dieu, de Notre Dame, de Sainte Catherine qui est au ciel’’ » (5ème interrogatoire 15 mars 1431) ;

« Interrogée si elle met ces chandelles en l’honneur de Sainte Catherine qui s’est montrée à elle, qui lui est apparue, répondit qu’elle ne mettait point de différence entre celle qui lui apparaît et celle qui est au ciel » (5ème interrogatoire 15 mars 1431)

« Interrogée si elle vit Saint Michel et les anges, corporellement et réellement, répondit : ’’Je les vis des yeux de mon corps, aussi bien comme je vous vois, vous ; et quand ils se partaient de moi, je pleurais ; et bien aurais voulu qu’ils m’emportassent avec eux !‘’» (4ème interrogatoire 27 février 1431)

Agir pour la paix

« Jeanne dit que jamais aucun seigneur ne dicta ces lettres ; c’est elle-même qui les a dictées avant qu’on les envoyât » (5 ème interrogatoire 1 er mars 1431)

« Interrogée pourquoi elle regardait volontiers cet anneau quand elle allait en fait de guerre, répondit que c’était par plaisance et en l’honneur de son père et de sa mère ; et, ayant son anneau en sa main et en son doigt, elle a touché à Sainte Catherine qui lui apparut visiblement » (6 ème interrogatoire 17 mars 1431) ;

C’est en portant l’anneau que Jeanne s’agenouille et procède à la bénédiction d’un soldat anglais blessé.

Représentation du vitrail de l’église de Patay.

Jeanne d’Arc n’usa à la guerre que de son étendard, se gardant de tuer quiconque et montra une égale compassion pour toutes les victimes.

Fidèle jusqu’au bout

« La première fois que la Providence Interrogée si elle ne la remercia point (la voix) et si elle s’agenouilla, répondit qu’elle la remercia, mais qu’elle était assise en son lit (en prison), et qu’elle joignit les mains » (3 ème interrogatoire 24 février 1431)

« Répondit qu’il n’est jour qu’elles ne viennent dans ce château de Rouen, et elles ne viennent pas sans lumière » (2 ème séance 28 mars 1431)

« Interrogée si depuis mardi dernier passé elle n’avait point parlé avec Saintes Catherine et Marguerite, répondit que oui, mais ne sait l’heure. Interrogée quel jour, répondit : hier et aujourd’hui ; il n’est jour qu’elle ne les entende » (5 ème interrogatoire 1 er mars 1431)

« Interrogée si elle les vit toujours dans le même habit, répondit qu’elle les voit toujours sous même forme ; et leurs figures sont couronnées bien richement » (5 ème interrogatoire 1 er mars 1431)

Plusieurs lieux sont prévus pour reproduire les trois thèmes.

L’Abbaye de Fleury de Saint-Benoit sur Loire et le château de Sully-sur-Loire nous font l’immense honneur d’accepter que certaines scènes soient réalisées au sein de la basilique et du château.

Pour les thèmes de L’appel de Dieu et de La Paix, on photographiera Jeanne dans un champ ou chemin, puis près d’un arbre, enfin dans une église.

Pour le thème de Jusqu’au bout, on photographiera Jeanne dans une pièce très sombre avec pierres apparentes et symbolisant la prison du château de Rouen.

« Une chambre assez obscure ne recevant le jour que d’une partie des fenêtres ; Des meurtrières servant de fenêtres » (Isambard de la Pierre qui vit Jeanne dans les prisons du château de Rouen).

Jeanne eut des fers aux pieds le jour et la nuit, avec une chaîne qui lui entourait la taille dont l’extrémité était cadenassée à une grosse poutre.

« Elle avait les jambes tenues par des chaines de fer » (Thomas de Courcelles)

« Jeanne était en prison dans une tour du château. Je me souviens que je l’y ai vu les deux jambes chargées de fers » (Jean Tiphaine)

« Un jour, l’évêque de Beauvais, le comte de Warwick et moi, nous entrâmes dans la prison où était Jeanne, et nous la trouvâmes les deux pieds dans les fers » (Guillaume Manchon)

« Jeanne était dans une forte prison, les fers aux pieds » (Guillaume Colles, dit Boisguillaume)

« Jeanne était en prison laïque, enchainée et les fers aux pieds » (frère Martin Ladvenu)

« C’est lui (l’évêque Pierre Cauchon), à ce que je crois, qui, dès le commencement du procès, fit enchainer Jeanne et la mit sous la garde de soldats anglais. Je l’ai vue dans la prison au château de Rouen, au fond d’une chambre assez obscure, attachée et les fers aux pieds quelquefois » (Frère Isambard de la Pierre)

Les tenues

Pour le thème L’appel de Dieu, le modèle interprétant Jeanne sera revêtu d’une tenue correspondant à trois périodes de sa vie : dans une tenue traditionnelle lors de son adolescence à Domrémy, une autre correspondant à son passage à Chinon puis dans sa tenue de combat lors des sièges.

Jeanne à Domrémy

« Les paysannes dans les campagnes cachaient leur chevelure, soit sous des chaperons, soit sous des coiffes de lingerie, et, comme les toutes jeunes filles, seules, étaient affranchies de cette règle, il est à croire que, dans les derniers temps de son séjour à Domrémy, la pieuse Jeanne ne se montrait pas autrement, devant les bêtes des champs et les oiseaux du ciel, que la tête correctement embéguinée » (Adrien Harmand)

La chemise ou chainse, plus large sur le bas, possède un col échancré. On y ajoute parfois une bande de toile pliée en V des épaules au milieu de la poitrine. Un bandeau de toile est serré sur la chemise pour maintenir la poitrine. La femme ne porte pas de caleçon ni de braies, et est nue sous la chemise. Les jambes et les pieds sont protégés par des chausses, plus courtes que celles des hommes (elles s’arrêtent aux genoux) et retenues par une bande de tissus nouée autour de la jambe (type jarretière). Une cotte ou bliaud, longue robe étroite qui se porte au-dessus de la chemise. Robe très ample, et très serrée à la taille, allant jusqu’à toucher le sol. Il semblerait que la robe était formée, de simples formes géométriques cousues ensemble, avec un laçage particulièrement serré au niveau de l’abdomen. La cotte adopte un décolleté arrondi, ajusté au buste, les bras et les hanches. Les couvre-chefs sont de grands carrés de toile blanche noués de différentes façons autour de la tête. Une ceinture le plus souvent constituée d’une lanière de cuir.

Jeanne à Chinon

« Dist ainsy que, quand elle partist de Vaucouleur, qu’elle print habit d’homme, et print une espee que luy bailla ledit de Baudricourt, sans aultres armures » (procès le 22 février 1431)

« Elle avait pourpoint noir, chaussettes estachées, robe courte de gros gris noir, cheveux ronds et noirs et un chappeau sur la teste » (greffier de la Rochelle)

« Se agenoulla et oulta son chaperon » (propos de Jeanne)

« Elle prit chemise, braies, gippon, chausses, joignant ensemble, longues et liées audit gippon par vingt aiguillettes, souliers hauts lacés en dehors, et robe courte jusqu’au genou ou environ ; chaperon découpé, bottes ou houseaux serrés, long étriers, épée, dague, haubert, lance et autres armures » (réquisitoire article 12)

« Elle avait un chapperon de layne sur la teste » (Mathieu Thomassin)

« Le gippon de Jeanne était de couleur noire » (greffier de la Rochelle)

« Caligis simul junctis (chausses jointes ensemble) » (acte d’accusation). Jeanne portait des chausses collantes et faites sur mesure. « Chausses longues et attachées, reliées au gippon par vingt aiguillettes » (acte d’accusation)

« Robe courte de gros gris noir » (greffier de la Rochelle)

Jeanne avait les cheveux courts et coupés en rond : « La pucelle avait courts les cheveulx » (Mathieu Thomassin) ; Elle portait « les cheveulx rondiz » (Journal d’un bourgeois de Paris)

Le Centre Jeanne d’Arc prête son précieux concours à ce projet en nous fournissant des tenues confectionnées à partir des textes anciens sur la vie de Jeanne.

Jeanne à Domrémy

Tenues Centre Jeanne d’Arc

Jeanne à Domrémy

Tenues Centre Jeanne d’Arc

Jeanne à Domrémy

Tenues Centre Jeanne d’Arc

Jeanne à Chinon

Tenues Centre Jeanne d’Arc

Jeanne à Chinon

Tenues Centre Jeanne d’Arc

Jeanne au combat

« L’abillement de teste, où il y a un gorgercy de maille », mentionné comme ayant été celui de l’héroïne dans l’inventaire de l’armurerie d’Amboise, ne pouvait être qu’un bacinet, seul casque comportant un camail ou gorgerin de mailles.

Il nous paraît probable que Jeanne d’Arc, faite plutôt pour commander que pour combattre, laissait aux lances de sa compagnie de se protéger le visage et que le bacinet d’Amboise, s’il a réellement appartenu à l’héroïne, ne possédait ni visière ni bavière. Etouffé dans un casque entièrement clos, le son de la voix ne pouvait dominer le bruit de la mêlée et la Pucelle, qui avait surtout pour mission d’entraîner ses gens à l’attaque, ne dut jamais paraître dans les batailles autrement qu’à visage découvert.

Indépendamment du bacinet qu’elle aurait possédé d’après l’inventaire d’Amboise, Jeanne eut, à n’en douter, une salade. Lors du siège de Saint-Pierre-le-Moutier, une grêle de projectiles contraint les assaillants à battre en retraite. Jeanne seule s’entête à rester devant la muraille. D’Aulon l’aperçoit, court à elle et lui demande pourquoi elle ne se retire pas comme les autres. Impavide et fière, la Pucelle se découvre de sa salade et lui crie « qu’elle n’est pas seule, qu’elle a encore cinquante mille de ses gens en sa compagnie et qu’elle ne s’en ira pas qu’elle n’ait pris la ville ». Jeanne ayant à prononcer une phrase inspirée par un enthousiasme mystique, a eu besoin de liberté de son visage et qu’à cet effet elle ait ôté sa salade. Son geste toutefois s’expliquerait malaisément avec une bavière. Il faut en conclure qu’au moins ce jour-là, son harnais se trouvait dépourvu de cet accessoire.

Pour le thème La Paix, le modèle revêtira une armure.

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Pour la scène représentant l’écriture d’une lettre adressée aux Anglais, certainement que la Pucelle sera figurée portant chemise, pourpoint et chausses.

Pour le thème Jusqu’au bout, il s’agit de représenter Jeanne emprisonnée au château de Rouen.

« Les cheveux noirs taillés en rond, la nuque et les tempes rasées au rasoir, suivant une ligne passant au-dessus du sommet de l’oreille : Cheveux taillés en rond à la façon des pages » (article 12 de l’acte d’accusation)

« Cheveux coupés en rond à la mode masculine » (article 13 de l’acte d’accusation)

« Cheveux taillés en rond au-dessus du haut des oreilles » (article 5 de l’acte d’accusation) ; Toutefois, il est admissible que « du 23 mai 1430 au 20 février 1431, la chevelure de Jeanne fut abandonnée à elle-même, et les artistes ont dès lors une certaine latitude pour représenter la Pucelle avec d’assez longs cheveux au bout de plusieurs mois de captivité » (Adrien Harmand)

Sur Jeanne prisonnière, la nature reprit ses droits. Non seulement les parties rasées de la tête disparurent, mais encore ses cheveux s’allongèrent, et avec le temps, son jeune visage, encadré d’une chevelure de plus en plus abondante, s’était suffisamment féminisé.

Jeanne captive à Compiègne, fut déshabillée et apparut en pourpoint. Jeanne se tient devant les juges dans sa robe courte qui est noire. « Or, comme ladite Jeanne était vêtue d’un habit d’homme, savoir robe courte, chaperon, pourpoint »(constat de relaps 28 mai 1431)

Les symboles

Parmi les symboles liés à l’histoire de Jeanne d’Arc, deux dominent. Son
étendard et son épée.

Jeanne d’Arc disposait d’un étendard et d’un pennon.

« Elle s’était fait faire en outre un pennon, sorte de petite bannière, où était painte une Annonciation ; la Vierge et l’ange un lis à la main » (Henri Wallon)

« Jeanne donne des instructions très précises pour la confection de son étendard.

En fait, on lui en confectionne deux : un grand et un petit, un pennon. C’est un peintre et brodeur dénommé Hauves ou James Poulnoir, qui fournit l’étoffe de toile fine, du boucassin blanc et peint les motifs » (Marie-Hélène Baylac)

« A Hauves Poulnoir, peintre demeurant à Tours pour avoir peint et baillé les étoffes pour un grand étendard et un petit pour la pucelle, 25 livres tournois »

Il est difficile voire impossible de reproduire une copie conforme de l’étendard et du pennon de Jeanne car nous ne disposons que de très peu de récits. De plus, certains témoignages sont ceux de personnes qui n’étaient même pas des témoins oculaires.

« Les deux enseignes ayant disparu durant les combats, on en est réduit à les imaginer à partir de témoignages divers, parfois contradictoires, et des descriptions que Jeanne en fait lors de son procès, non sans hésitations, car elle craint que ses juges ne lui tendent des pièges » (Marie-Hélène Baylac)

Une chose, sur lesquels bon nombre d’auteurs et historiens semblent s’accorder, est le fait que Jeanne eut une bannière avec les images de Jésus crucifié, de la Vierge et de Saint-Jean, et un pennon où était peint une Annonciation.

C’est chose moins aisée lorsqu’on essaie de reproduire l’étendard. Les avis divergent.

« On a longuement discuté sur la bannière de Jeanne d’Arc. Beaucoup de descriptions cependant en ont été données soit par Jeanne elle-même, soit par des témoins oculaires, soit par des contemporains bien informés. Mais lorsqu’il s’agit de la reconstituer avec tous les éléments, les auteurs hésitent et ne peuvent se mettre d’accord » (H. de Barenton)

Toutefois, les quelques éléments transmis sont suffisamment détaillés pour que l’on puisse tenter de reconstituer un ersatz de l’étendard s’approchant de l’original. « Aucun document figuré d’une exactitude et d’une authenticité parfaites ne nous a transmis l’image de l’une ou l’autre de ces enseignes, exécutées sur l’ordre et d’après les indications de Jeanne, conseillée par ses voix célestes. Mais des textes précis et concordants, dont les principaux ne sont autre chose que les réponses même de la Pucelle à ses juges, laissent peu de prise à l’erreur » (Henri Wallon)

Ainsi, on pourrait déjà aisément imaginer et concevoir un étendard de grande taille, avoisinant les trois mètres de longueur sur une largeur d’un quart de sa longueur.

« Il devait mesurer d’1m50 à 2m80 de long sur 30 à 70cm de largeur » (Adrien Harmand)

« La norme faisait environ 3,56m de long, avec une largeur d’environ un tiers de la longueur » (Colonel de Liocourt)

« Le tissu avait une longueur de 3,5 pieds (3,56 m) et une largeur d’environ 2,6 pieds (80 cm) à l’endroit où il était fixé au poteau » (Jean-Claude Colrat)

La toile appelée boucassin était blanche.

« Pendant son séjour à Blois, elle fist faire un estendart blanc, auquel elle fist pourtraire la représentation du sainct Saulveur et de deux anges, et le fist bénistre en l’église Sainct-Saulveur de Blois » (Vallet de Viriville)

« Un estendart avoir je veuil, tout blanc sans nul autre couleur » (Mistère du siège d’Orléans)

« Et alors Jeanne elle-même vint avec le-dit seigneur déposant, portant à la main son étendard qui était blanc » (Jean, comte de Dunois)

« Etait de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin » (4ème interrogatoire public 27 février 1431)

« Et faisoit porter devant elle un estendard qui estoit pareillement blanc » (Henri Wallon)

« On lui fit, d’après les instructions qu’elle donna, un étendard en linon, brodé de soie, au champ d’argent (blanc) » (Henri Wallon)

« La jeune fille marchait avec une bannière qui était faite de soie blanche » (Eberhard de Windecken)

« Et La Pucelle partit avec son étendard, qui était fait de blanc satin » (Eberhard Windecke)

« Nous avons la certitude que l’étendard était de toile blanche, très-grosse et lustrée, qu’on connait encore sous le nom de bougran » (Henri Wallon)

« Tous les témoins et Jeanne elle-même n’ont parlé que de la couleur blanche » (Jean-Claude Colrat)

Un grand étendard blanc et frangé.

« Etait de couleur blanche, de toile blanche ou boucassin ; et était frangé de soie » (4ème interrogatoire public 27 février 1431) « Il est donc absolument certain que l’étendard de la Pucelle était frangé de soie ; la frange avait une alternance de motifs de segments doré et blanc d’un peu moins d’un pouce de large (2,5 cm) » (Adrien Harmand)

Et sur lequel avait été peint des fleurs de lys.

« Interrogée si, quand elle alla à Orléans, elle avait étendard ou bannière, et de quelle couleur, répondit qu’elle avait étendard au champ semé de lis » (4ème interrogatoire 27 février 1431)

« Sur toute la surface de la bannière blanche, des fleurs de lys dorées sont placées exactement parallèlement à l’extrémité du tissu qui était attaché au poteau » (Colonel de Liocourt)

« La fin du tissu blanc de l’étendard était entièrement recouverte de fleurs de lys » (Adrien Harmand)

« Le fait que les fleurs de lys d’or aient été placées sur une zone blanche plutôt que bleue n’a rien d’exceptionnel. Tous les drapeaux régimentaires du Royaume de France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, à l’exception de la période autour de la Révolution française et autour de celle-ci, ainsi que de la période de la Restauration (1815-1830) avaient des lis d’or sur fond blanc. De plus, dans l’art héraldique et dans la, l’or et l’argent ou le blanc et le jaune sont associés au divin, par exemple le blason de Jérusalem et le États pontificaux et maintenant le drapeau du Vatican » (Jean-Claude Colrat)

Pour certains, les fleurs de lys recouvraient l’étendard dans son entièreté, pour d’autres elles n’avaient été positionnées que sur l’extrémité.

« La fin du tissu blanc de l’étendard était entièrement recouverte de fleurs de lys » (Adrien Harmand)

« Les fleurs de lys se retrouvent peut-être seulement sur les queues de l’étendard, ce qui est leur position probable en tant qu’insigne de parti » (Olivier Bouzy)

Enfin, pour d’autres, moins nombreux, elles étaient peintes sur l’extrémité de l’étendard mais sur un fond bleu.

« Montée sur un cheval alezan doré, la Pucelle est armée de toutes pièces […] de la droite elle tient son étendard […] et trois fleurs de lis sur fond bleu » (explication tirée d’une Notice de M. Philippe Mantellier, directeur du musée d’Orléans). C’est par fantaisie ou par ignorance que l’artiste allemand a peint en bleu l’étendard de Jeanne d’Arc. Cet étendard était blanc, ainsi qu’il en résulte des paroles mêmes de la Pucelle à ses juges d’Orléans » (Henri Wallon)

« Enfin, les fleurs de lys sur un champ bleu ne se trouvent que sur la queue de l’étendard, qui symbolisait l’insigne royale » « Il est possible que le fonds des queues ait été bleu, pour reprendre complètement la disposition des armes du royaume. Il existe d’ailleurs des exemples d’étendards où la couleur des queues diffère de celle de la figure et de la devise, mais aucun témoignage ne vient rendre probable cette possibilité dans le cas de l’étendard de Jeanne » (Olivier Bouzy)

Pour le Colonel de Liocourt, les deux queues étaient si proches l’une de l’autre qu’on aurait pu éventuellement les confondre en une seule.

« Il avait une queue en forme de fourche composée des deux pointes très rapprochées et frangées » (Colonel de Liocourt)

Mais il est fort vraisemblable que l’étendard de La Pucelle ne devait posséder, comme tous les étendards, qu’une double queue. Toutefois, il peut être envisagé à la lecture de certains textes qu’il n’y en avait qu’une seule.

« Jeanne, la queue de votre étendard touche au mur » (Mistère du siège et Journal du siège)

« Il y avait moult merveilleuse presse à toucher à elle ou au cheval sus quoi elle était, tellement que l’un de ceux qui portaient les torches s’approcha tant de son estendart que le feu prit au pennon » (Journal du siège) – Il s’agit bien ici de l’extrémité de l’étendard terminée en pointe ou en queue et cette extrémité, on la désigne sous le nom de pennon » (H. de Barenton)

« Et, prenant elle-même sa bannière, elle dit à un gentilhomme qui était auprès d’elle : ’’Donnez-vous garde quand la queue de mon étendard touchera contre le boulevard’’. Un peu après il lui dit : ’’Jeanne, la queue y touche !’’ » (Henri Wallon)

 « A Reims de même, la Pucelle aurait fait tourner la queue de son étendard autour du roi, lui apportant ainsi fortune et bonheur pour le futur » (Colette Beaune)

« La queue de l’étendard devait ne comporter qu’une seule pointe car plus favorable que la queue bifurquée au maniement de l’étendard, notamment quand il s’agissait d’en retenir l’extrémité dans la main, ou bien lorsqu’en route, on enroulait l’étoffe toute entière autour de la hampe. Dans ce dernier cas, l’étendard était dit ployé. A Selles, au moment de partir pour Romorantin, Jeanne ’’se tourna vers l’huis de l’église, qui estoit bien prochain, et dit en assés voix de femme : Vous, les prestres et gens d’église, faites procession et prières à Dieu’’. Et lors de retourner à son chemin, en disant : ’’Tirés avant, tirés avant’’, ’’son estendard ployé que portoit un gracieux paige, et avoit sa hache petite en la main’’. L’étendard à deux pointes s’enroulait malaisément et c’est pourquoi il est permis de supposer qu’on dota Jeanne d’Arc d’une enseigne à une seule pointe » (Quicherat, Procès, tome V p.107-108)

« Il semble que l’étendard de Jeanne tenait à la fois de la bannière et du pennon : il tenait de la bannière, parce qu’il avait un champ large vers la hampe ; il se rapprochait du pennon, parce qu’il se terminait par une queue. C’était donc une bannière se terminant par un pennon. La condition de Jeanne, qui avait l’autorité de chef d’armée sans en avoir les titres officiels, explique ce caractère hybride de son étendard » (H. de Barenton)

« Il avait une queue en forme de fourche composée des deux pointes très rapprochées et frangées » (Colonel de Liocourt)

Sur l’étendard fut peint plusieurs représentations. Au moins deux ne semblent pas souffrir de la moindre contestation. La première : une scène religieuse montrant Dieu assis sur un arc-en-ciel, montrant ses plaies et tenant le monde, et entouré de deux anges tenant un lys à la main.

« Interrogée si, quand elle alla à Orléans, elle avait étendard ou bannière, et de quelle couleur, répondit qu’elle avait étendard au champ semé de lis ; et y était figuré le monde, et deux anges à ses côtés » (4ème interrogatoire public 27 février 1431)

« Interroguee se en icelluy estandard le monde et les deux angelz y estoyent paincts, respond que ouy.  Interroguee quelle signifiance c’estoit que prendre eudict estandart Dieu tenant le monde et ses deux angletz, respond que saincte Katherine et saincte Marguerite luy dirent qu’elle print en ceste façon, et le portast hardyment; et quelle feist metre en paincture le Roy du Ciel » (1er interrogatoire privé 10 mars 1431)

« Ladite Jeanne fut interrogée si les deux anges qui étaient en son étendard représentaient Saint Michel et Saint Gabriel. Répondit qu’ils n’y étaient que pour l’honneur de Notre Seigneur qui est peint en l’étendard. Et dit qu’elle fit faire cette représentation des deux anges seulement pour l’honneur de Notre Seigneur qui était figuré tenant le monde » (6ème interrogatoire 17 mars 1431)

« Interrogée si ces deux anges qui étaient figurés en son étendard étaient les deux anges qui gardent le Monde ; et pourquoi il n’y en avait plusieurs, vu qu’il lui était commandé de par Notre Seigneur qu’elle prit cet étendard, répondit que tout l’étendard fut commandé par Notre Seigneur, par les voix de Sainte Catherine et de Sainte Marguerite, qui lui dirent : ’’Prends l’étendard de par le Roi du ciel’’. Et parce qu’elles lui dirent : ’’Prends l’étendard de par le Roi du ciel’’, elle y fit faire cette figure de Dieu et des anges et en couleur. Et fit le tout par le commandement de Dieu » (6ème interrogatoire 17 mars 1431)

« Ouquel avoit deux anges tenant chacun une fleur de lis en lour main » (Henri Wallon)

« Que la devise qui s’y trouvait peinte figurait Dieu portant le monde, assis entre deux anges. ’’Deux anges tenant chacun une fleur de liz en leur main’’. Ces fleurs de lis aux mains des anges sont omises dans les descriptions données par Jeanne et son acte d’accusation, mais leur existence, affirmée à la fois par le Journal du siège et d’autres témoignages contemporains, ne parait pas douteuse » (Adrien Harmand)

« Etait peint Notre Seigneur Dieu, assis sur l’arc en ciel, montrant ses plaies, et ayant de chaque côté un ange qui tenait un lis à la main » (Eberhard de Windecken)

« L’image du Christ et des deux anges est placée très près de l’extrémité du tissu qui était attaché au poteau. L’image représente le Christ venant en puissance et en gloire ; ainsi, il est assis sur un arc-en-ciel, pour juger toute l’humanité. Christ avec ses blessures exposées porte un manteau rouge. Sa main droite est levée dans la bénédiction tandis que sa main gauche tient le monde (une sphère dorée). Deux anges flottants encadrent le Christ de chaque côté. Chaque ange est vêtu d’une tunique blanche et les deux ont des ailes rouges et blanches. Ils portent également dans leurs mains un lis blanc naturel qui a trois fleurs au sommet de la tige » (Colonel de Liocourt)

« Nous apprend que le Sauveur était assis sur les nuées du ciel » (Frère Pasquerel, aumônier de Jeanne)

« Le Sauveur était assis sur l’arc-en-ciel et qu’il montrait ses plaies ; de la main droite il bénissait » (Eberhardt de Windeckem)

Quelques représentation d’un Dieu montrant ses plaies.

Une étude du contexte historique permettrait de placer dans la main d’un des deux anges, non pas une fleur de lys mais une épée.

« Interroguee se ses deux angelz, qui estoyent painctz en son estandard, representoyent sainct Michel et sainct Gabriel, respond qu’ilz n’y estoyent fors seullement pour l’honneur de nostre Seigneur, qui estoit painct en l’estandard. Et dit qu’elle ne fit faire icelle representacion des anges, fors seullement pour l’honneur de nostre Seigneur, qui y estoit figuré tenant le monde » (6ème interrogatoire privé – 17 mars 1431)

 « Il s’agit là évidemment d’un témoignage de première main, mais singulièrement discret. Jeanne insiste habilement sur le fait que le ’’Seigneur’’ figuré tient le monde, ce qui est habituellement l’apanage de Dieu le Père, elle insiste aussi sur l’identité des archanges, saint Gabriel, dont l’attribut est une fleur de lys, et saint Michel, dont l’attribut est une épée. Elle peut ainsi faire croire à ses juges qu’il s’agit d’une représentation ’’neutre’’ de Dieu. En fait les conventions iconographiques sont suffisamment élastiques pour que cette description convienne également au Chris du jugement dernier, entouré de l’ange de la justice et de l’ange de la miséricorde » (Centre Jeanne d’Arc Orléans) « L’ange de la miséricorde, Saint Gabriel, du côté droit de Christ, tient un lis naturel.

L’ange de la justice, Saint Michel, à sa gauche, tient l’épée » (Colonel de Liocourt) « Il semble pratiquement acquis que l’étendard de Jeanne portait sur le premier tiers, près de la hampe, la figure du Christ de l’Apocalypse, entouré des anges de justice (saint Michel) et de miséricorde (saint Gabriel). L’ange de miséricorde, avec la fleur de lys, se trouve à la droite du Christ, ainsi qu’il ressort des dépositions de Pasquerel et de Dunois. La présence d’un second ange tenant une fleur de lys, malgré les nombreux témoignages en ce sens, contredit à la fois la description de Jeanne et l’iconographie courante de l’Apocalypse, ou le Christ est la plupart du temps entouré de deux anges armés d’épées, parfois d’une épée et d’une fleur de lys, mais jamais de deux fleurs de lys. Il semble donc raisonnable de mettre une épée dans les mains de l’ange à la gauche du Christ » (Centre Jeanne d’Arc Orléans

La seconde illustration est une inscription : ’’JHESUS MARIA’’.

« Et voult et ordonna qu’elle eust un étendard, ouquel par le vouloir d’elle on fist paindre et mectre pour devise IHESUS MARIA, et une magesté » (Journal du siège d’Orléans)

 « Et y étaient écrits ces noms JHESUS MARIA, comme il lui semble » (4ème interrogatoire public 27 février 1431)

« Interrogée si ces noms, JHESUS MARIA étaient écrits ou en haut ou en bas, ou sur le côté, répondit sur le côté, comme il lui semble » (4ème interrogatoire 27 février 1431)

« Nous croyons devoir conclure de la réponse nuancée d’imprécision de Jeanne d’Arc, que les mots JHESUS MARIA pouvaient se trouver placés à la fois en haut et sur le côté de l’étendard et que les mots JHESUS MARIA étaient inscrits, sans doute en lettres d’or, sur le côté du groupe formé par Dieu et les deux anges » (Adrien Harmand)

 « Le monde, c’est à dire Dieu tenant le monde, y était figuré assis sur l’arc en ciel, les pieds sur les nuées, devant lui deux anges agenouillés, l’un desquels présentait une fleur de lis, l’autre se tenait en prière ; à côté, les mots ’’JHESUS MARIA » » (M. Mantellier)

Une autre illustration est décrite sur l’étendard. Celle d’un écu bleu tenu par deux anges.

« La pucelle print son estendart ouquel était empainturé […] un escu de France tenu par deux anges » (Perceval de Cagny, bataille de Jargeau)

« Et fit faire à Poitiers, dit le témoin, son étendard auquel y avait un écu d’azur et une colombe blanche qui tenait en son bec ’’de par le roi du ciel’’ » (greffier de l’Hôtel de ville de la Rochelle) « Et fit faire au dit lieu de Poitiers son estandart auquel y avoit un escu d’azur et un coulon blanc dedans icelluy, estoit,

lequel tenoit un role en son bec ou avoir escrit ’’de par le roy du ciel’’ » (Greffier de La Rochelle)

« Item, ladite Jeanne a fait peindre son étendard et y a fait représenter deux anges assistant Dieu tenant le monde en sa main, avec les mots JHESUS MARIA, et autres peintures » (2ème séance 28 mars 1431)

« Son estandart auqeul y avoit un escu d’azur et un coulon blanc dedans ycellui estoit, lequel tenoit un roole en son bec où avoit escript ’’De par le Roy du ciel’’ ». Jeanne s’est toujours déclarée l’instrument de son seigneur le Roi du ciel et non celui de Charles de France. Aussi est-il blanc semé de lys d’or, le blanc et l’or étant les couleurs de la divinité. La blanche colombe en champ d’azur symbolise la Pucelle venant de par le Roi du ciel au secours de la France envahie. L’écu fut supporté par deux anges » (Adrien Harmand)

« On y voyait l’écu de France, tenu par deux anges » (Henri Wallon)

Là où les avis divergent et les interprétations sont nombreuses, c’est au sujet de la localisation de cette seconde illustration. Elle pourrait figurer au revers de l’étendard.

« Les données, que nous fournissent les documents pour établir le revers de cette enseigne sont plus rares et moins précises que celles qui nous ont permis de tenter la reconstitution de sa face » (Adrien Harmand)

« La pucelle print son estendart ouquel était empainturé Dieu eu sa majesté et de l’autre costé… et un escu de France tenu par deux anges » (Perceval de Cagny, bataille de Jargeau)

« On y voyait, sur la face […] et sur le revers, l’écu de France, tenu par deux anges » (Henri Wallon)

« Le revers de l’étendard montre les deux mêmes anges tenant un bouclier surmonté d’une couronne royale. Les armoiries royales du roi de France sont affichées à l’intérieur du bouclier. Un large ruban blanc tenu dans le bec de la colombe remplace le lettrage gothique doré. À l’intérieur de ce ruban se trouvent les mots « De par le Roy du Ciel » » (Colonel de Liocourt)

« Au revers, l’habitude a été prise de disposer dans un écusson une colombe tenant dans son bec une banderole, créant ainsi des armes inconnues » (Colonel de Liocourt)

Mais si la toile était fine, alors il paraît peu vraisemblable que cette seconde illustration ait été faite sur le revers. Alors sans doute sur la même face. « On les met ordinairement au revers de l’étendard. Nous croyons encore qu’on a mal interprété le texte assez clair pourtant. Perceval dit que sur l’étendard était peint (d’un côté) Dieu dans sa Majesté et ‘’’de l’autre côté’’ l’écu de France. Est-ce l’envers et l’endroit ? Nous ne le pensons

pas. Nous estimons au contraire que, lorsque ces auteurs parlent de côtés dans l’étendard, il faut entendre la partie qui avoisine la hampe (côté de la hampe), et la partie qui avoisine le pennon (côté de la queue) » (H. de Barenton)

« L’étendard était fait de boucassin c’est-à-dire en cette toile légère. Or le boucassin n’aurait pas supporté une peinture sur les deux faces. Force est donc de reconnaitre que l’envers de la bannière de Jeanne n’avait pas de figures ni d’emblèmes » (H. de Barenton)

Mais la toile était-elle réellement « si légère » pour ne pas accueillir en son revers une illustration ?

« Ce tissu convenait bien pour recevoir une décoration picturale qui ne fut pas identique sur les deux faces » (Colonel de Liocourt)

Autre piste évoquée, celle que cette représentation n’ait jamais été peinte, au détriment des textes et récits qui la décrivent, voire qu’elle ne correspondait pas à l’étendard. « « Et fit faire audit lieu de Poitiers son étendard auquel y avoit un escu d’azur, et un coulon blanc dedans ycelluy estoit lequel coulon tenoit un role en son bec où avoit escrit de par le roydu ciel ». L’auteur, greffier de l’hôtel de ville de la Rochelle, n’avait certainement pas vu l’étendard et comme il écrit, selon toute probabilité en 1429, avant tout autre récit, il est douteux qu’il en ait lu une description autorisée. Évidemment cet écu d’azur avec la colombe ne peut remplacer les emblèmes essentiels que Jeanne décrit elle-même et les autres chroniqueurs après elle. Mais M. J. Quicherat est tenté d’y voir une sorte de blason propre à la Pucelle et relégué dans un coin de l’étendard. « Dans les usages militaires du quinzième siècle, dit-il, l’étendard, qui était un signe du commandement général, était couvert d’emblêmes au choix du capitaine à qui il appartenait, et ces emblêmes n’étaient point assujettis aux lois du blason : dans un coin seulement étaient figurées les armoiries du personnage. Jeanne, parait-il, se conforma à cette coutume… Ni marque nobiliaire, ni aucun des emblêmes consacrés de la chevalerie ne figuraient sur l’écusson : c’était un Saint-Esprit d’argent au champ d’azur, l’oiseau tenant dans son bec une banderolle sur laquelle étaient écrits les mots : De par le roy du ciel. Et il suppose que la Pucelle y substitua plus tard les armes que Charles VII lui donna, le 2 juin 1429, à Chinon, « pour son estandard et pour soi decorer. » Malgré l’autorité de M. Jules Quicherat j’incline à croire que le greffier de la Rochelle a fait quelque confusion ; que cet emblême de la colombe ne trouva jamais place sur l’étendard de Jeanne, et que même les armoiries qui lui furent données pour son estandart et pour

soy decourer, n’y figurèrent jamais : car aucun texte ne l’établit » (Henri Wallon)

« Et fit faire au dit lieu de Poitiers son estandart auquel y avoit un escu d’azur et un coulon blanc dedans icelluy, estoit, lequel tenoit un role en son bec ou avoir escrit ’’de par le roy du ciel’’ » (Greffier de La Rochelle) – Ce témoignage assez peu fiable pourrait ne concerner que la pointe du pennon, avec une colombe tenant lieu de fleur de lys. L’inscription n’est en tout cas pas celle de l’étendard (Olivier Bouzy)

Alors à quoi s’en tenir ?

Pour la majorité des peintres et illustrateurs, les représentations faites de l’étendard montrent qu’il était blanc parsemé de lys, avec proche de la hampe l’illustration de Dieu et des deux anges, et à côté la mention ’’JHESUS MARIA’’.

Miniature du 15ème siècle. Le tissu blanc, très long (l’image présente de nombreux plis) est rectangulaire et se termine en deux points. Il est fixé à un pôle noir. Dieu le père est peint dans une tunique rouge ; Sa tête est entourée d’un halo doré. Sa main droite est levée dans la bénédiction et il tient une sphère bleue (le monde) dans sa main gauche. De chaque côté est peint un ange agenouillé. L’ange gauche avec les mains jointes dans la prière est clairement vêtu d’une tunique brune, avec des ailes bleues et un halo doré. L’autre ange est similaire mais est vêtu d’une tunique bleue avec des ailes rouges. L’inscription aux normes « JHS Maria » se fait en lettres d’or. Toute la conception est parallèle à l’extrémité du tissu qui est attaché à la perche ; ceci inclut également les trois fleurs de lys d’or.

Miniature du 15ème siècle. Cette image est similaire aux autres représentations de l’étendard de Jeanne car le tissu est blanc et se termine en deux queues. Jésus-Christ porte une tunique rouge et a une auréole dorée autour de la tête. Sa main droite est levée en signe de bénédiction et dans sa main gauche, il tient une sphère dorée avec une petite croix sur le dessus. Un ange se met à genoux de part et d’autre de Christ. L’un est vêtu d’une tunique bleue avec des ailes blanches. Il a une auréole dorée autour de la tête et porte, dans ses mains en prière, une fleur de lis blanche. L’autre ange est similaire mais porte une tunique beige. Cet ange a deux ailes bleues et une auréole dorée. L’inscription de « JHS Maria » est écrite en lettres d’or. Comme pour les deux autres images, celle-ci montre toutes les figures, l’inscription et la fleur de lys dorée, toutes parallèles à l’extrémité du tissu fixé au poteau.


Sur la partie la plus large de l’étendard, la partie la plus proche du poteau, figurait l’image apocalyptique du Christ assis sur un arc-en-ciel, les plaies sur le côté, les mains et les pieds apparents. On lui a montré une tunique rouge pâle et une cape rouge vif. Sa main droite tenait le monde (une sphère bleue) et sa main gauche était levée pour bénir. Christ était entouré d’un « mandorle » doré et irisé.

Entrée de Jeanne d’Arc à Orléans

Attaque du pont de Meun. Partie supérieure d’un vitrail de l’église de Notre-Dame de Cléry près Meun, exécuté Ottin

Image tirée du film Jeanne d’Arc (Luc Besson 1999)

Mais pour d’autres, les queues n’étaient pas blanches mais bleues.

Arrivée de Jeanne d’Arc au château de Chinon le 6 mars 1428 – Tapisserie d’origine allemande exécutée du temps même de La Pucelle (Musée d’Orléans). Jeanne est titulaire d’un étendard dans la main droite. Le tissu est entièrement bleu foncé (c’est évidemment une erreur – note de l’auteur) se termine en deux queues. La figure de Jésus-Christ porte une tunique verte surmontée d’une cape rouge. Une auréole dorée entoure sa tête. La main droite du Christ est levée en signe de bénédiction et dans sa main gauche, il tient une sphère dorée avec une petite croix au-dessus. Les deux anges qui l’entourent portent une tunique blanche. Ils ont tous deux des ailes rouges et leurs mains sont jointes dans la prière.

L’inscription « JHS Maria » est écrite en lettres d’or. Le Christ et les deux anges, l’inscription et les trois fleurs de lys d’or sont tous parallèles au bout de la toile attachée au poteau.

Lors de l’exposition sur l’étendard de Jeanne organisée de 1990 à 1991, une représentation basée sur le travail du colonel Liocourt

Etendard de Jeanne d’Arc d’Orléans

Fort de tous ces témoignages, nous allons donc procéder à la reconstitution d’un étendard qui tâchera de s’approcher au plus près de ce qu’a pu être celui tenu par Jeanne d’Arc. Mais nous nous garderons bien soigneusement de communiquer sur cette réalisation en annonçant que nous aurions reproduit l’étendard de La Pucelle tel qu’il fût. Nous garderons fidèle les récits des témoins et ne chercherons pas à rapprocher la représentation de d’étendard de La Pucelle a des représentations existantes de l’époque. Il faut souligner la remarque selon laquelle même si les représentations sur l’étendard n’étaient pas conformes à celles du vivant de Jeanne, cela s’expliquait par le fait qu’elle a affirmé que c’étaient ses saintes qui lui avait dicté tous les traits de l’étendard.

Autre symbole, l’épée de Jeanne d’Arc


La découverte miraculeuse de l’épée sous l’autel de Sainte-Catherine-de Flerbois. Elle fut découverte sur son indication sous les dalles de l’église par un forgeron qui fut envoyé depuis Tours et découvrit l’épée parmi plusieurs ex-voto déposés là, apparemment dans un coffre derrière l’autel.

Une réplique de ce qu’a pu être l’épée de Jeanne est prévue pour les scènes photographiques.

Un symbole contemporain : le crocus Jeanne d’Arc

Le 16 mai 1920 on célèbre partout en France la canonisation de Sainte Jeanne d’Arc. « Les façades de toutes les églises étaient revêtues de faisceaux de drapeaux aux couleurs nationales et d’oriflammes de Jeanne d’Arc. La petite fleur de Jeanne d’Arc était vendue aux portes de toutes les églises » (Le Petit Journal, numéro du 17 mai 1920).

Nous procéderons à la plantation de plusieurs dizaines de crocus pour la réalisation de certaines scènes dont nous donnerons une valeur symbolique.

Les anneaux de Jeanne

Jeanne dit qu’elle portait deux bagues mais n’en avait plus lors de son emprisonnement. Les Bourguignons lui avaient pris la première, à Compiègne, et l’évêque de Beauvais s’était approprié la seconde lors de son incarcération au château de Rouen.

« En juin 1429, un mois après la levée du siège d’Orléans, Jeanne d’Arc transmet un bien petit anneau d’or à Jeanne de Laval ; du reste, il n’est pas certain que Jeanne d’Arc l’ait elle-même porté avant de l’offrir à Jeanne de Laval » (Pernoud et Clin)

« Elle portait à l’index de la main gauche un anneau qu’elle avait coutume de regarder continuellement, ainsi que je le tiens d’un témoin des faits racontés » (Walter Bower)

« Et l’anneau lui fut donné à Domrémy » (5ème interrogatoire – 1er mars 1431)

« Le premier lui aurait été donné dans sa jeunesse, par ses parents, à Domrémy. Cet anneau, vraisemblablement, était de laiton. Il était fort simple, sans pierre ni chaton, et l’on y voyait seulement trois croix, ainsi que ces noms : Jesus, Maria. Elle le portait, dit-elle, quand ses saintes commencèrent à lui apparaitre ou à la visiter. Elle le portait à l’index de la main gauche. Le second était en or ; il lui avait été donné par l’un de ses frères, probablement après l’anoblissement de la famille [décembre 1429] » (Vallet de Viriville)

Nous avons choisi le modèle suivant pour la reconstitution des scènes :